Action menée par « Experts Solidaires » en Afrique

Selon le programme des nations unies pour le développement (PNUD), plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau potable et à l’assainissement. À l’échelle de la planète, c’est en Afrique que se trouvent la moitié des personnes qui boivent une eau provenant de sources non protégées. Par le biais de la loi Oudin-Santini, le SIEP a été partie prenante du projet. Voici le parcours pour l’installation d’un approvisionnement d’eau potable et d’assainissement dans un pays d’Afrique, extrait du rapport d’Experts solidaires consacré à ce projet.
Action menée par « Experts Solidaires » en Afrique

Le projet MODEAME à Lobo, commune du Cameroun

Un projet humanitaire pour améliorer l’accès à l’eau et faciliter son utilisation

Le projet MODEAME vise à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans 10 villages de la commune de Lobo par la construction de 10 forages équipés de PMH (Pompe à Motricité Humaine) et d’un bloc de 4 latrines écologiques.

Un système communal de gestion de la maintenance des PMH ainsi qu’un programme d’éducation à l’assainissement et à l’hygiène complètent cette action humanitaire.

Sur le plan national, ce projet a bénéficié de l’appui financier de la Commune de Lobo. Au niveau international, il a été soutenu par le Syndicat Intercommunal des Eaux de Picardie, du SIAEP d’Aigneville, de l’Agence de l’Eau d’Artois Picardie et du fond eau de la Communauté Urbaine du Grand Lyon.

En accord avec les autorités en charge de l’eau et de l’assainissement du ministère de l’Eau et de l’Energie du Cameroun, et plus précisément la délégation départementale de la Lékié, il a été convenu que la consommation moyenne de l’eau par habitant sera de 15l/habitant/jour, dont 5l/jour pour l’eau de boisson et 10l/jour pour les autres usages tels que le bain et la vaisselle notamment.

La réussite du projet d’accès à l’eau en faveur des habitants de Lobo, repose sur une collaboration à la fois sociale, technique et financière. 

 

Accès des ménages à l’eau potable dans la commune

La commune de Lobo ne dispose pas de réseau d’eau courante. En effet, le réseau de la Camwater (compagnie des eaux nationale) est inexistant dans la localité.

Du coup, la principale source d’approvisionnement en eau des ménages repose sur la précipitation (zone climatique pluvieuse). Les cours d’eau, des sources non aménagées et les forages aménagés servent également pour alimenter la population en eau.

Selon l’enquête CAP menée par ERA-Cameroun en Juin 2019, il ressort qu’aucun ménage de la commune de Lobo ne dispose d’eau à domicile. Cela contraint inévitablement, les habitants à faire de nombreux kilomètres pour récupérer de l’eau, pourtant vitale.

L’assainissement

L’assainissement reste dispersé entre plusieurs acteurs, peu dynamique et disposant de faibles moyens hydrauliques.

Par ailleurs, l’évacuation des eaux usées (vaisselle, lessive, etc.) se fait à l’air libre, généralement dans la petite broussaille qui se situe derrière la concession. La nature se chargeant d’absorber ces rejets.

De plus, le projet MODEAME-Lobo intègre un volet pilote en faveur de l’installation de latrines écologiques à fosse simple et ventilée.

Le principe de base de ce type de latrines repose sur le fait que les excréments humains constituent une source de matière organique pour l’amendement des sols agricoles.

L’assainissement écologique est une approche durable pour recycler les nutriments contenus dans les excrétas humains, afin de les transformer en matière organique nécessaire pour la fertilisation.

latrines en afrique

De manière théorique, le principe de fonctionnement de latrines écologiques à fosse ventilée est le suivant :

  • Une superstructure bâtie sur le même modèle que celui de la latrine classique à fosse ventilée.
  • Une fosse, comprenant une dalle, un siège et la fosse à proprement parler.

L’originalité de ce système se trouve dans la conception du siège. En effet, le siège permet de faire ses besoins en position assise comme dans une toilette moderne. En plus, elle est conçue pour faire une séparation entre les urines et les excrétas. Ce qui permet de garder la latrine réellement sèche.

En milieu rural, l’avantage de ce type de latrines repose sur le fait que les urines sont récupérées dans un récipient et utilisées pour les besoins de fertilisation des sols (apport d’azote contenu dans les urines) ou fongicide.

La fosse est en forme parallélépipédique reçoit les excrétas. Elle doit être protégée contre toute infiltration d’eau. Dans le cas où la nappe phréatique est peu profonde, il faut réaliser d’abord une couche étanche sur le sol avant la construction de la fosse. Les urines sont utilisées directement après être diluées (10 à 20%) avec de l’eau. Sans risque pour les excréments, il faut attendre pendant une période longue dans la deuxième fosse avant l’utilisation. Ceci permet de détruire les bactéries pathogènes pendant la période de biodégradation. Ce système de latrines est fortement recommandé dans les municipalités où les ménages ont difficilement accès à l’eau potable par le réseau.

Image de René Dentin
René Dentin

Président SIEP