Histoire de l’adduction d’eau en France et son lien étroit avec les tuyaux en fonte

À l'époque romaine, les premiers tuyaux étaient en argile, parfois en grès et en plomb. Le Moyen Âge voit l'apparition de quelques conduites en bois ... L'historique du tuyau fonte débute en Belgique au 11 siècle. Les premiers tuyaux fonte équipent la fameuse machine de Marly et le château de Versailles. Le tuyau en fonte à brides (avec des peaux de porcs ou des feuilles de plomb pour les joints !) supplante les tuyaux en bois à partir du 17ème siècle. Mais la distribution d'eau demeure à cette époque un privilège quasiment royal.
Histoire de l’adduction d’eau en France et son lien étroit avec les tuyaux en fonte

La France en retard en matière d’alimentation en eau

Au XIXème siècle, très peu de communes sont raccordées hormis quelques grandes villes.

L’adduction d’eau potable n’est pas prioritaire dans la France de l’époque. Le peu d’importance qu’on accorde alors à l’hygiène, ne favorise pas le développement de l’adduction d’eau.

Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle, que les politiciens prennent conscience de la nécessité de développer des réseaux d’adduction d’eau. Les réseaux d’alimentation en eau se développent alors rapidement en France. Ces derniers sont alors exclusivement en fonte grise.

Mais l’intérêt pour l’eau potable est encore timide. En 1903, le vote pour le prélèvement de 1% des produits du jeu servant au développement des adductions d’eau fut acquis d’extrême justesse (par une ironie de l’histoire ce prélèvement FNDAE a été supprimé début 2004).

Après la Grande Guerre, l’eau potable reste un concept abstrait et les maladies sont nombreuses. L’eau est le parent pauvre : elle passe après tous les autres projets.

Les communes pensent électricité, routes et équipements divers. Dans un tel contexte, le retard de la France par rapport à d’autres pays développés est étonnant.

Ainsi, dans le département de la Mayenne en 1930, seules la préfecture Laval et la sous-préfecture Mayenne ont une adduction, tout le reste du département n’a pas l’eau courante.

Même situation dans le Gers, l’eau potable reste le privilège des grandes villes.

La propagande pour l’hygiène

Le leader du tuyau fonte français entend contribuer au développement des réseaux d’adduction. Il se lance alors dans de la « propagande commerciale », du marketing avant l’heure… il faut créer le besoin et toucher directement la population, le concept d’usager est encore loin !

L’office de « propagande, de publicité et d’expansion, (Propex) est donc créé avec une large publicité autour de l’eau et de ses bienfaits. Les mérites de l’eau courante sont vantés auprès de la population : des livres, un film muet comique, des cahiers d’écoliers. Rien n’est négligé dans cette stratégie un peu à l’image de Michelin.

La « réclame » des premières années concerne les bienfaits et les mérites de l’eau potable en abondance, sur des supports les plus variés (cahier d’écolier, calendrier, agenda .. ). On diffuse un film muet (La Source) sur les mérites des canalisations en fonte dans les écoles et les mairies. La promotion autour de la fonte se fait donc dans un mélange d’éducation et de divertissement.

De nouveaux types de canalisation apparaissent

Le tuyau en ciment armé

Dès 1890, le tuyau en ciment armé et le tuyau fonte se battent déjà sans relâche. Dans cette lutte, la fonte se taille la part du lion dans les diamètres de distribution, tandis que le ciment armé reste confiné dans les très grands diamètres.

Les tubes acier

La concurrence acier commence véritablement après la première guerre. L’acier devance la fonte en 1927.

Les tuyaux en amiante-ciment et le tube PVC

Véritable coup de tonnerre dans le marigot des canalisations, les premiers tuyaux en amiante-ciment très bon marché et légers sont mis sur le marché avec Éternit en 1932. Arrivent ensuite les tubes PVC également produits à faible coût.

Mais la fonte résiste avec des évolutions technologiques

Les tuyaux fonte ont assis leur développement grâce à des innovations techniques majeures. En premier lieu, la centrifugation dans les années 1930 qui remplaça le principe de la coulée verticale. L’idée de la centrifugation est basée sur l’utilisation de la force centrifuge pour mouler des tuyaux avec une arrivée régulière de métal.

Ce principe est amélioré sur des décennies et devient un mode de fabrication universelle dans les années cinquante.

La fonte ductile au secours de la fonte grise
La fonte était cassante ! Et oui, le point faible de la fonte grise, c’est sa fragilité. Les tuyaux réagissaient comme les casseroles de nos grands-mères et cassaient trop souvent, d’où la nécessité de fortes épaisseurs de métal.

Arrive alors le tournant du 20ème siècle

La découverte de la fonte ductile et son application dans le secteur des tuyaux. Cette découverte est le fruit des recherches américaines dans l’industrie de l’armement, au cours d’un voyage d’études en 1946.
La fonte ductile n’est pas une variante de la fonte grise mais un nouveau matériau aux caractéristiques exceptionnelles et même, extraordinaires !

Le saut technologique

L’ajout d’une faible dose de magnésium transforme instantanément par catalyse cette fonte grise en fonte ductile avec des capacités exceptionnelles en termes de résistance mécanique et d’allongement. Capacités de l’ordre de trois fois supérieures à l’ancienne fonte grise ! Ces nouvelles qualités confèrent au tuyau des atouts majeurs pour asseoir son développement.

Image de René Dentin
René Dentin

Président SIEP